Commentaire du CIO, lundi 24 mars 2020
Le Sénat américain continue manifestement à se battre pour faire adopter un programme d’aide comportant des mesures fiscales pouvant représenter entre 5 et 10 % de la performance de l’économie américaine. Cela représenterait environ un à deux billions de dollars américains, soit 1000 à 2000 milliards. La cheffe de l’opposition du parti Démocrate, Nancy Pelosi, a présenté un train de mesures fiscales alternatives, alors que le Sénat débat actuellement des aspects d’un éventuel projet de loi.
La Banque centrale américaine Fed a annoncé hier qu’elle allait mettre en place un mécanisme d’octroi de crédits permettant d’accorder des prêts directement aux entreprises et aux ménages.
Un montant de 300 milliards de dollars américains a été prévu à cet effet. En outre, la Banque centrale américaine entend étendre ses achats d’obligations des bons du Trésor américain aux obligations d’entreprises. Cette réaction fait suite à la forte détérioration de la liquidité pour le négoce des obligations d’entreprises observée ces derniers jours.
Lors d’une conférence de presse donnée hier, le Président des États-Unis est resté très vague sur les intentions concrètes du gouvernement américain pour contrer la pandémie aux États-Unis. Il a appelé le Sénat à coopérer, tous partis confondus, afin de parvenir rapidement à un accord sur le train de mesures fiscales. Il a ajouté que les capacités médicales américaines étaient mobilisées.
Il a également déclaré que les États-Unis n’étaient pas faits pour un confinement social et économique. Donald Trump a également indiqué qu’un médicament précédemment utilisé pour le traitement du paludisme, l’«hydroxychloroquine», pourrait s’avérer très efficace. Le portrait qu’il a brossé d’une seule guérison miraculeuse dans un seul cas grave visait sans doute à étayer sa thèse. Toutefois, l’audacieuse affirmation de Trump ne semble pas scientifiquement fondée. Les autorités sanitaires américaines la commentent donc avec beaucoup de prudence.
Lors de sa conférence de presse, Donald Trump a donné l’impression de considérer la pandémie comme un mal ayant durement frappé de l’extérieur son économie américaine parfaitement fonctionnelle. Il semblait ne pas pouvoir faire grand-chose pour résoudre un problème dont il n’était, somme toute, pas responsable. Même après la décision de la Grande-Bretagne de confiner la société – sans doute au vu de l’urgence sanitaire croissante en Espagne et en France – la Maison Blanche ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité de la situation. Donald Trump semble vouloir à tout prix maintenir l’activité économique, au risque de mettre le système de santé des États-Unis dans une situation d’urgence dramatique.
À l’échelle mondiale cependant, le nombre de nouveaux cas de contamination confirmés continue d’augmenter de manière exponentielle: au cours des 24 prochaines heures, environ 400 000 contaminations seront déjà enregistrées dans le monde. On observe un taux de croissance particulièrement élevé des contaminations confirmées aux États-Unis.
L’Espagne semble avoir de plus en plus de difficulté à fournir des soins de santé adéquats. Certains établissements de soins et maisons de retraite espagnols ont manifestement pris des mesures parfois totalement insuffisantes pour protéger leurs résidents.
La Chine a annoncé la levée des restrictions de déplacement pour la ville de Wuhan, berceau de la pandémie. Il reste à espérer que la contagion pourra être durablement enrayée en Asie. Une lente amélioration de la situation se confirme en Italie aujourd’hui encore, malgré les 602 nouveaux décès dus à la maladie au cours des dernières 24 heures.
Aujourd’hui mardi, les marchés boursiers ont affiché, ce qui s’explique par les nouvelles mesures de grande envergure de la Banque centrale américaine et le grand nombre de mesures fiscales adoptées partout dans le monde. Les marchés des actions européens progressent actuellement d’environ 4 à 6 %. Pour l’heure, l’indice suisse SMI est également en hausse d’environ 4,5 %.
Après des pertes d’environ 3 % hier, les marchés des actions américains devraient également s’ouvrir à la hausse aujourd’hui, dans une proportion similaire à celle de l’Europe.
Selon l’indice (Dow Jones / Standard & Poors 500), les actions américaines ont perdu environ 35 % à 30 % depuis le début de l’année, contre environ 30 % pour les actions européennes, environ 20 % pour les actions suisses et
environ 12 % pour les actions chinoises (indice CSI 300) (tous les chiffres datent du 24.3.2020 vers 11h15, pertes évaluées en CHF).
Nous en profitons ici pour rappeler que la peur est mauvaise conseillère dans le contexte que nous traversons. Nous recommandons de conserver les positions en actions. Vous souhaitez recevoir régulièrement des informations boursières? Abonnez-vous vite à notre Investment Letter.
